Il fût une époque fort lointaine où Anésidora était un monde prospère qui vivait en paix, s’appuyant sur les forces de la magie. La magie n’était pratiquée que par de rares élus, les mages et leurs apprentis. Le peuple ignorait tout de leur maîtrise mais bénéficiait de leurs bienfaits grâce à la sagesse de leurs utilisateurs. Bientôt, les mages devinrent les grands sages de la société et se constituèrent en Conseil.


Un terrible évènement vint changer la face de ce paisible univers. Un météore percuta la planète, détruisant dans son sillon une des plus grandes métropoles de la planète. Catastrophe d’une ampleur inégalée, elle entraîna le monde dans un engrenage de terreur et de violence.

Il fallut trouver un coupable. Les mages, seuls détenteurs de la magie, devinrent les parfaits boucs émissaires. Non seulement leur reprocha-t-on de n’avoir rien pu faire pour empêcher ce cataclysme, mais plus encore on les accusa d’avoir eux-mêmes provoqué la chute de la pierre venue du ciel.

Si tant est que les choses puissent encore empirer, une aura malfaisante commença à se dégager de la roche étrangère. Les mages, en proie à la vindicte populaire, furent appelés pour, selon la masse, réparer leurs erreurs et maîtriser les sinistres augures qui semblaient émaner de cette pierre satanique. Chacun des sept mages, avec ses propres incantations, apposa la main sur la roche pour tenter de la pulvériser. Mais au lieu de cela, une explosion lumineuse envahit les lieux avant de replonger le monde d’Anésidora dans les ténèbres d’une nuit sans astres.


Tous furent propulsés au sol par la vague lumineuse émanée du météore. Aussitôt, chacun commença à se sentir différent. Il ne fallut pas longtemps pour que les premiers quidams commencent à se rendre compte que c’était l’humanité toute entière qui venait de recevoir le don de magie. Mais une autre chose se produisit en eux, la libération soudaine d’une sorte de pulsion jaillie du profond de leurs entrailles.

Les péchés. Sept péchés capitaux relâchés par les mages dans leur lutte contre le météore. Envie, luxure, gourmandise, paresse, orgueil, avarice, colère.

Une violente douleur s’empara alors de tout être vivant. Ecroulés au sol et se tordant de douleurs, leurs chairs mutilées et atrophiées laissèrent place à de monstrueuses créatures. L’humanité toute entière venait de disparaître.
Ce fût le commencement d’une nouvelle ère, ou les malheureux humains laissèrent la place aux [liste des créatures ici], chacun se transformant en fonction de cette pulsion dominante qui existait en lui. Les mages eux-mêmes changèrent, chacun d’entre eux affecté par l’un de ces péchés libérés de leur boîte de Pandore.

Ce grand changement allait bientôt les diviser. La magicienne Saber, devenue Colère, parla la première et s’en prit immédiatement à tous les autres. Le conseil des Sages éclata tandis que les mages s’éparpillèrent aux quatre coins de la planète pour régner sur leurs propres races.


La Colère, bien que disposant de son propre royaume, décida de fomenter une guerre contre les autres, bien décidée à les détruire coûte que coûte afin de régner seule sur ce monde. Jouant des propres vices de deux autres mages, à savoir une jalousie sans borne pour l’un et un sens de la démesure pour l’autre, elle su s’allier à l’Envie et à la Gourmandise pour parvenir à ses fins. L’Orgueil, attaqué dans sa superbe, et n’ayant jamais supporté que la Colère ose se croire plus puissante que les autres, s’allia à la Luxure et à l’Avarice, qui chacun y trouvait à gagner. La Luxure en faveur des plaisirs de la chair ne supportait pas de la perdre en futiles combats et l’Avarice tenant à protéger ses possessions matérielles et ses richesses. Tous prirent parti, à l’exception de la flegmatique Paresse, qui n’avait d’intérêt à se mêler de ces choses vénales.

Dans ce combat titanesque, seule la traitrise des alliés de la Colère, soudoyés par l’Orgueil, pu permettre de vaincre celle-ci. La Colère disparût et ses démons furent chassés aux confins du monde.

Une paix précaire, mais une paix tout de même, fût réinstaurée sur Anésidora. Certes, il existait encore tensions et rivalités entre les mages restants. Toutefois, les six mages, s’ils ne reformèrent pas un grand Conseil des Sages, signèrent un accord de cohabitation pacifique. Chacun règnerait sur sa propre contrée, établissant une libre circulation et des relations pacifiques entre leurs peuples.


Voici deux mille ans que la paix règne sous l’hégémonie des mages qui gèrent toujours leurs royaumes. Si certains mages ont depuis fort longtemps cédé la place à une lignée de successeurs, d'autres ont su se maintenir au pouvoir en prolongeant sans cesse leur longévité. Ce fût le cas notamment des mages de l'Orgueil et de l'Envie, qui ne partagèrent jamais leur secret de jouvence.

La réalité était pourtant peu glorieuse et assez terrible, puisqu'ils avaient trouvé un remède d'éternel jeunesse sous la forme de coeurs de dragons. Le second mage de l'Avarice, qui avait découvert cet odieux secret, ne fit pas long feu. Et tous ses successeurs qui découvrirent la vérité succombèrent à leur tour, les uns après les autres. C'est ainsi que les deux mages maintinrent leur secret intact pendant si longtemps, personne ne se doutant de rien sur les rares disparitions de quelques dragons par siècle.

Il y a peu, une grande prêtresse vint troubler l'apparente paix, et prétendit avoir eu une vision terrible de guerre et de destruction. Le sang, les cris, la violence, la terreur. Ce que présageait cette vision, c’était le retour de Saber, et d’une Colère bien plus terrible encore, alors même que celle-ci avait été anéantie deux millénaires plus tôt.

La rumeur se répandit que l’âme de Saber n’aurait pas été détruite et serait susceptible de revenir. Les mages tentèrent de faire taire les bruits de rue et firent disparaître la prêtresse qui les répandait.

Ils ne prirent pourtant pas la menace à la légère. Ceux qui avaient trahi la Colère, en particulier le mage de l'Envie, qui avait connu Saber en personne, s’inquiétèrent de leurs sorts. Ils savaient ce qu’ils encouraient si la menace était réelle et qu’elle revenait vraiment. Ainsi, l'Envie, entraînant l'Avarice à sa suite, se mit en tête d’essayer elle-même de retrouver la Colère, avant qu’elle ne les retrouve, afin de tuer la menace dans l’œuf.

Elle tenta de convaincre l'Orgueil à son tour de les assister dans cette tâche, menaçant de révéler le terrible secret qui les unissait. Toutefois, l'Orgueil savait que l'Envie ne pourrait les trahir de la sorte, car l'Avarice même se retournerait contre eux en découvrant ce qui était fait au dragon. Entre ce jeu de je-te-tiens-par-la-barbichette et la menace du retour d'un ennemi commun, les relations et manigances politiques redoublèrent entre les mages....

Les bruits, quant à eux, continuèrent de circuler et à se répandre comme un poison au sein d’Anésidora, arrivant jusqu’aux oreilles de démons emplis d’espoirs, que si elle venait vraiment à revenir, alors l’ère de paix serait révolue et le monde se retrouverait de nouveau plongé dans les ténèbres.

(c)Contexte original appartenant à Anesidora Requiem.
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